Destiny virevolte d’une acquisition à l’autre
C’est dans la plus grande discrétion que Destiny, fournisseur de services de télécommunications, a doublé sa clientèle au cours des derniers mois grâce à deux acquisitions. Son chiffre d’affaires passe de 20 millions d’euros en 2016 à 28 millions cette année.
« Nous ne cherchions pas un partenaire industriel, mais un partenaire financier qui s’y connaissait en matière d’acquisitions. » Voilà comment les frères Daan (36 ans) et Samuel De Wever (30 ans) décrivent l’entrée de Mentha Capital dans l’actionnariat de Destiny en mai dernier.
Le fonds d’investissement néerlandais a apporté 10 millions d’euros de capitaux frais et a acquis une majorité de contrôle. Mais les deux entrepreneurs tech, qui détiennent encore plus de 30 % de leur entreprise, ont obtenu ce qu’ils voulaient : les ressources financières pour concrétiser leurs ambitions et partir à la chasse aux acquisitions. Le fonds disposait d’ailleurs du savoir-faire nécessaire pour ce dernier objectif.
Première victoire fin de l’année dernière. Destiny a fait l’acquisition de son concurrent Ergatel, un intégrateur de services de télécommunications (téléphonie et Internet) et d’applications Cloud basé à Alost et principalement actif en Wallonie. Son chiffre d’affaires est passé à 20 millions d’euros, et son nombre d’employés de 65 à 70.
Au cours des dernières semaines, Destiny a acquis deux autres entreprises dans la plus grande discrétion. L’une d’entre elles, Meritel, est opérateur de télécommunications industrielles et fournisseur d’accès à Internet basé à Gand, qui a repris l’année dernière Evonet, en quasi-faillite, et qui, avec dix employés, a réalisé un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros. « Cette acquisition a été purement motivée par un désir de consolidation. Nous avons gagné en chiffre d’affaires et en parts de marché », déclare Daan De Wever.
IT101, la deuxième entreprise rachetée, présentait également un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros et dix salariés. Une acquisition stratégiquement importante puisque cette société bruxelloise était extrêmement rentable : son bénéfice d’exploitation (ebit) était de 35 %. De Wever explique : « Tout le monde nous voit encore comme un simple intégrateur de télécommunications. Mais ces dernières années, nous avons cherché comment nous pouvions combler le fossé entre les télécommunications et l’informatique de manière intelligente. Et comment nous pouvions regrouper les services dans le Cloud : téléphonie fixe et mobile, téléphonie par Internet, e-mail, vidéoconférence, mais aussi des applications telles que Slack. Nous avons obtenu ce volet informatique avec l’acquisition d’IT101. »
Notre plateforme intègre tout ce dont un entrepreneur ou un employé a besoin pour pouvoir parfaitement contrôler sa communication. Il peut prendre rendez-vous avec un client en dehors du bureau dans le calendrier Outlook. Le système sait immédiatement que l’employé ne sera pas au bureau à ce moment-là et qu’il ne sera pas joignable. Il mettra automatiquement son téléphone portable en mode silencieux (afin qu’il ne soit pas dérangé pendant sa réunion) et enverra un message pour avertir qu’il est à nouveau disponible. Cette sorte de centrale téléphonique high-tech est également entièrement hébergée dans le Cloud, sur nos serveurs.
Cette acquisition bruxelloise apporte à Destiny, nommée Entreprise prometteuse en 2015, une autre discipline convoitée : la sécurité du Cloud. « Après la communication, il s’agit du deuxième pilier sur lequel notre entreprise doit continuer à se développer. Nous voulons sécuriser les e-mails et le trafic Internet des PME. »
Avec ces deux acquisitions, Destiny a doublé sa clientèle, qui est passée de 2 200 à 4 500 entreprises, et a engrangé un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros. Destiny s’adresse principalement aux PME, mais elle compte également quelques grands noms dans sa clientèle, dont Katoen Natie, Standaard Boekhandel, Würth, Fujitsu, Veritas ou encore Lampiris.
Pourquoi les entreprises préfèrent-elles Destiny aux autres fournisseurs de services de communication intégrés tels que Proximus et Telenet ? « Nos vendeurs s’efforcent de comprendre les activités de nos clients et d’expliquer nos offres de manière accessible. Je pense aussi que notre culture de l’entrepreneuriat (la réactivité et la flexibilité) séduit. »
Les frères n’ont toutefois pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Ils ont ainsi pour objectif d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros d’ici 2020. De Wever explique : « L’année prochaine, nous voulons parvenir à 50 millions d’euros. En ne faisant que de la croissance organique, nous n’atteindrons que 35 millions d’euros, même si cela représente déjà 20 % de chiffre d’affaires supplémentaire. C’est pourquoi nous sommes en pourparlers pour une grande acquisition d’une entreprise étrangère dont le chiffre d’affaires dépasse les 10 millions d’euros.
Les frères De Wever veulent diriger une vraie scale-up. « Pas à la manière de la Silicon Valley, qui dévore le capital et accumule les pertes. Nous voulons procéder de manière saine et durable. Nous ne voulons pas acheter des recettes, mais construire une entreprise et créer de la valeur pour nos clients. C’est l’une des périodes les plus passionnantes que nous ayons connues depuis que nous avons fondé l’entreprise dans notre chambre en 2008 ».
PROFIL DESTINY
Fondation : en 2008 par Daan et Samuel De Wever. Activités : intégration de télécommunications (téléphonie, Internet, sécurité) axée sur les services Cloud.
Collaborateurs : 90.
Chiffre d’affaires : 28 millions d’euros (2017), avec les acquisitions d’Ergatel, de Meritel et d’IT101. L’objectif est d’atteindre 50 millions d’euros l’année prochaine.
Marge EBITDA : 20 %.
Clients : 4 500, dont de grands noms tels que Katoen Natie, Würth et Fujitsu.